Le président Macron entretient à l’égard des médias une relation bien particulière.
Sa candidature en 2017 a bénéficié de largesses et de louanges de la part des journalistes et du monde médiatique. Les critiques étaient souvent timorées si ce n’est inexistantes. Les questions imprécises et le culte du jeune premier à son comble. La liste des soutiens du candidat Macron durant la campagne était étroitement liée avec la majorité des médias français.
Un lien est-il à faire ? Cherchez l’erreur.
Dès sa prise du pouvoir ensuite, il a été offert aux français un pouvoir exécutif qui ne rend aucun compte, qui n’apparaît plus devant les journalistes. La distance prise n’est non pas tant avec les médias, mais avec le peuple français. Le président n’a plus à répondre de ce qu’il fait, de ce qui est mis en place mais s’exprime par monologue, par prêches dont le corps et le sens ne pourraient être remis en question.
L’interview sur France 2 ou plutôt la ballade des deux amis a sûrement été la preuve parfaite de la relation plus qu’étrange entretenue avec les médias et l’information par le chef de l’Etat.
L’information devient d’ailleurs l’un des sujets centraux de la politique de l’exécutif avec ce fameux projet de loi sur les fake-news, salué et repris d’ailleurs par l’Union-Européenne qui souhaite mener des travaux sur ce sujet.
Il convient alors de définir ce qu’est une fake-news.
Il s’agit d’une nouvelle information qui va être dispersée sur les différents médias et réseaux sociaux alors que celle-ci est totalement fausse et parfois diffamatoire. Le gouvernement souhaite ainsi lutter contre les allées et venues de ces fausses nouvelles en exerçant un contrôle de censure dessus. Il existe déjà un arsenal juridique pour éviter de tels procédés . L’intention est bien ailleurs.
Le contrôle et la censure de l’information ont toujours été le lot des systèmes dictatoriaux et il est plus que surprenant de voir ce type de débat entrer dans la ligne politique française.
La liberté d’expression reconnue comme liberté fondamentale par la Déclaration Universelle des droits de l’homme. Celle-ci énonce : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »
L’Organisation des Nations Unis a ainsi reconnu à ce texte, par la Résolution 59 de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée en 1946, à ce droit une portée universelle contre laquelle rien ne saurait faire barrage.
La France, mère élévatrice des droits de l’homme, peut rougir de voir une telle proposition naître. Derrière l’idée de combattre une fausse nouvelle, il n’y a réellement qu’un seul problème : le contrôle de l’information, le contrôle des individus et le contrôle des pensées.
Il suffit de regarder l’ensemble des fausses nouvelles qui sont dénoncées pour se rendre compte de l’absence de gravité de celles-ci contre l’importance du pouvoir qui serait donné à une institution de contrôle.
La plupart des fausses nouvelles apparaissent comme des ragots ou des articles via les réseaux sociaux sous forme d’images, de textes condensés d’inepties et de contre vérités. Ce type d’information, de quolibets et de mensonges a toujours présent dans les rapports sociaux et le restera : telle est la versatilité de l’Homme, il y aura toujours des colporteurs de fausses nouvelles. Tantôt parlant de hausse d’impôt, de décès, d’orientation sexuelle des uns et des tricheries des autres, de détournements ou autres : tout type de fausse nouvelle existe mais hormis l’inconfort qu’elle peut déranger elle est facilement vérifiable.
La solution face à ce problème n’est donc pas tant le contrôle et la censure de l’information mais bien l’éducation. Il suffit d’effectuer quatre clics et taper quelque mots sur un moteur de recherche lambda pour se rendre compte de la supercherie de tel ou tel type d’information.
De très nombreux sites d’information en direct existent et sont disponibles en France. Ils permettent de vérifier l’exactitude d’une information. L’essentiel n’est pas tant de croire dans une nouvelle mais aussi d’en vérifier la source, la véracité. Il faut donner envie aux gens de chercher, d’être précis et de se cultiver.
Cette envie de recherche peut être engendrée par des campagnes de prévention qui peuvent être facilement menées sur internet ou sur tout réseau d’information afin de donner l’envie aux français de vérifier ce qu’ils lisent et ce qu’ils croient.
Face à ce sujet banal que sont les fausses nouvelles, le gouvernement et le président Macron vont, eux, jusqu’à l’idée de mettre en place un système juridique de contrôle et de poursuite des sites qui se feraient le relais de ces nouvelles. L’hébergeur perdrait alors la possibilité de continuer de communiquer et se verrait puni d’une peine d’amende.
Avec un tel système il suffira alors de déterminer pour les pouvoirs en place ce qui est le vrai du faux, ce qui peut être transmis ou non pour exercer un contrôle des idées et des informations. La liberté d’opinion disparaitrait.
Ainsi mourrait la liberté d’expression. Les journalistes pourraient-ils faire leur travail, dans l’idée de risquer une sanction, en étant contrôlés par une institution juridique et par le cadre de pensée que celle-ci veut bien laisser se développer ?
Il va de soit que non.
Un tel projet va à l’encontre des principes de la République et contre les droits de l’Homme. Le devoir d’information doit être bien entendu contrôlé, mais c’est déjà le cas en France. De nombreux délits punissables englobent les différents cas de fake news lorsque celles-ci portent atteinte à l’honneur et à la probité d’une personne, le reste n’est que peccadille et un prétexte pour le gouvernement de mettre en place un système de contrôle.
J’invite ainsi chacun à lutter contre ce projet, à faire porter sa voix et à contrer par sa volonté et son intelligence de telles fausses nouvelles.