A l’occasion d’une interview avec un journaliste de France Inter, j’ai rappelé mon opposition au vote blanc.
L’abstention est incontestablement l’un des symptômes les plus caractéristiques de la crise que traverse la représentation politique. L’exercice du droit de vote étant au cœur de la légitimité de nos institutions, l’abstention, désormais récurrente, constitue un véritable affaiblissement de notre démocratie.
L’introduction du vote obligatoire à toutes les élections nécessite la comptabilisation du vote blanc dans les suffrages exprimés afin de donner plus de poids à cette « abstention civique » mais également l’inscription automatique de tout citoyen sur les listes électorales. Le vote obligatoire n’est nullement le seul ou le meilleur moyen de faire baisser l’abstention dans une démocratie. L’abstention est un terme qui recouvre en effet différentes réalités et des visages multiples.
Contraindre à voter, c’est aussi renoncer à convaincre. Ce n’est pas avec l’obligation de vote qu’on luttera contre l’abstention, c’est en étant aussi plus efficace. Se retrancher derrière une reconnaissance du vote blanc comme suffrage exprimé est une forme de démission. C’est tirer un trait définitif sur le combat républicain de la reconquête du citoyen. J’y vois un affaiblissement de la démocratie et une dévaluation du rôle des citoyens dans les choix politiques.
Reconnaître le vote blanc comme suffrage exprimé créerait un déséquilibre et conduirait à des dérives, au premier rang desquelles une remise en cause de la légitimité des élus. En effet, si le vote blanc est reconnu comme exprimé, on aura des élus désignés avec des scores faibles, sans majorité absolue, ce qui les affaiblira grandement, car leur légitimité sera sans cesse remise en cause.
C’est pourquoi il me semble raisonnable de ne pas instaurer le vote obligatoire et ne pas comptabiliser les votes blancs dans les suffrages exprimés. Le risque étant de donner un sens aux votes blancs qu’ils n’ont pas, voire d’encourager les électeurs indécis ou mécontents à voter blanc et ainsi d’amoindrir la légitimité du vote.